05/06/2024 Francia, (France), Normandia (Normandie)
Impossible d’en connaître le nombre exact, mais on estime en général que 15% des munitions tirées durant la Seconde Guerre mondiale n’ont pas explosé. Des « vestiges de guerre » qui posent à tout moment des problèmes de sécurité publique, et environnementale. C’est à ce titre que l’association écologiste Robin des Bois livre depuis le début des années 2000 des inventaires de ces munitions non explosées, sur terre ou en mer, issues des deux grands conflits mondiaux, mais aussi de la guerre de 1870. Alors que se profile le 80e anniversaire du Débarquement allié sur les côtes normandes, l’association rend public le neuvième de ces inventaires, exclusivement consacré à la région. Un recensement, forcément non exhaustif, non seulement des munitions non explosées, mais aussi des épaves ou friches militaires sous-marines.
34 épaves
Trente-quatre de ces épaves ont ainsi été recensées, de la frégate britannique de 88 mètres coulée par l’armée allemande au large de Cherbourg, qui contient encore « 300 grenades sous-marines et 60 tonnes d’explosifs » (HMS Capel, ex-USS Wintle), au cargo minéralier français touché par l’aviation allemande avant d’avoir pu décharger ses 800 tonnes de munitions (naufrage du Niobé, 800 à 1000 morts), en passant par les 18 barges BK (Barge Knockdown) américaines, sabordées au large de Cherbourg, qui contiendraient encore 2000 bombes de 250 kg. Si, à l’époque, le fait que ces engins n’ont pas explosé a été bénéfique parce que des vies humaines ont été épargnées, cela pose aujourd’hui d’autres problèmes. C’est sans fin », résume Charlotte Nithart, directrice de campagne de Robin des Bois, auprès de Mer et Marine. D’autant que les phénomènes d’origine climatique, tels que l’érosion du trait de côte ou la violence des tempêtes, viennent remobiliser ces déchets de guerre. « Des stocks de munitions de l’artillerie allemande, à l’époque postés en haut des falaises et depuis oubliés, tombent sur le littoral à cause l’érosion », illustre-t-elle.
Accélération
C’est l’une des hypothèses avancées pour expliquer les 17 découvertes de 84 obus entre 2019 et 2023, dans la seule commune de Veulettes-sur-Mer, « une commune au cœur des combats, où l’on a toujours trouvé des déchets de guerre. Mais nous avons constaté une véritable accélération », indique Charlotte Nithart. Outre l’érosion du trait de côte, la fragilisation des falaises liée aux « pétardages » réalisés à leur pied, l’affouillement et le remaniement des fonds marins pour le parc d’éoliennes offshore de Fécamp, ou l’éventrement d’une épave qui aurait libéré ses munitions, font également partie des options envisagées. Quoi qu’il en soit, au fil des années et au gré de ses inventaires, Robin des Bois constate, de la part des Préfectures notamment, une meilleure diffusion de l’information à destination du grand public, sur les risques inhérents au ramassage et à la conservation de ces engins explosifs qui se retrouvent bien souvent échoués sur les plages. Mais l’association déplore aussi un « manque de cohérence des pouvoirs publics » concernant les épaves, car toutes ne font pas l’objet d’arrêtés d’interdiction de la plongée sous-marine et de l’exploration. « Au moins deux épaves contenant des munitions font même l’objet de fiches du Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-marines (DRASSM) et de la région Normandie facilitant leur exploration », relève l’association.
Secret défense
Depuis des années, Robin des bois milite également auprès du gouvernement pour obtenir « la communication de l’inventaire des sites connus à ce jour d’immersion de munitions chimiques et conventionnelles en vrac ou dans des épaves, et les rapports, études scientifiques ou analyses sur la contamination de l’environnement ». Une demande récemment formulée dans un courrier adressé au Premier ministre, au Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale et au Secrétaire d’Etat chargé de la mer et de la biodiversité, pour le moment restée sans réponse. Ces informations sont en effet protégées par le secret défense. « Il est normal que certaines informations restent confidentielles », indique Charlotte Nithart. « Mais un état des lieux global, avec le nombre de sites, leur localisation approximative et une levée complète du secret défense concernant les études de contamination réalisées sur l’environnement nous paraît réaliste ». © Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.
Photo-Source: meretmarine.com
Consignes
En cas de découverte d’engin explosif en mer, la préfecture maritime de Méditerranée donne les consignes suivantes :
Ne pas toucher
Noter précisément la position et si possible prendre une photo
Appeler le 196
QUE FAIRE LORS DE LA DÉCOUVERTE D’ANCIENNES MUNITIONS ?
Gardez votre calme.
Ne touchez pas l’objet.
Ne le déplacez pas.
Contactez immédiatement la Police locale.
Par sécurité, la police conseille à la population de ne pas toucher ou déplacer ce genre de munitions.
Chers éditeurs, Biographie d’une Bombe vise à mettre en lumière le danger causé par les bombes non explosées. De plus, l’aspect le plus important est que nous travaillons entièrement à but non lucratif, la sensibilisation à ce sujet est ce qui nous motive. Nous nous excusons si nous utilisons des images dans vos articles, mais nous en avons besoin pour mettre en contexte la façon dont les résultats sont effectués. Nous citerons (et nous le faisons toujours) la source et l’auteur de l’image. Nous vous remercions de votre compréhension
