20/12/2023 Francia, (France), Provenza-Alpi-Costa Azzurra (Provence-Alpes-Côte d’Azur), Alpi Marittime (Alpes-Maritimes-Aups Maritims-Alps Maritims), Nizza (Nice), Mentone (Menton)
Il faut être un bon plongeur pour espérer la voir en vrai. Et ne pas hésiter à solliciter les clubs de plongée locaux pour adopter la meilleure approche. Car l’épave de Heinkel 111 restée clouée au sol depuis la Seconde Guerre mondiale, au large du cap Martin, se situe à 60 mètres sous les mers. L’épave d’un bombardier allemand Heinkel 111 s’est tôt imposée comme un site emblématique pour les plongées profondes car c’est l’un des avions les mieux conservés de la côte provençale. Il repose à l’envers sur la vase. Les deux moteurs, la verrière centrale dissymétrique, le canon avant, la tourelle inférieure et la soute à bombes sont bien identifiables mais les hélices ont presque disparu du fait de la corrosion. Ce Heinkel 111 de type H6 s’est abîmé en mer le 31 juillet 1944″, explique-t-on sur le site du ministère de la Culture, dans la rubrique dédiée à l’archéologie sous-marine. Car quelques chanceux auront pu le découvrir en montant à bord du navire d’exploration Alfred Merlin, amarré récemment au port de Nice: c’est un service étatique, le DRASSM, qui gère le patrimoine archéologique subaquatique et sous-marin sur le territoire français. Même si bien souvent, les découvertes sont faites par des plongeurs lambda – que l’on appelle alors, dans le jargon, des “inventeurs”. L’inventeur du bombardier allemand, en l’occurrence? Il s’agit de Claude Vergé, en 1964. Encore un filet de pêche accroché au fond. Mais cette fois, c’est profond, pas loin des soixante mètres. Pour dépanner un collègue pêcheur à Menton, pas de problème, je plonge. Le filet est toujours balisé en surface grâce à l’un des deux fanaux. Je m’aide du filet pour descendre au fond. Surprise, une fois atteint les 60 mètres, sur plusieurs mètres, le filet est accroché à une masse énorme sombre et bizarre posée sur la vase. Ce n’est qu’en remontant, lors des paliers de décompression, que je réalise que cette forme comporte deux moteurs et deux grandes ailes”, racontait ce dernier dans nos colonnes. Lui qui devra replonger à plusieurs reprises pour mesurer l’ampleur de sa trouvaille fortuite.
Combat ou panne d’essence?
Comment un tel bestiau a-t-il pu se retrouver ici? Plusieurs hypothèses s’opposent encore. Sur l’atlas du Patrimoine archéologique du littoral méditerranéen (PALM), on avance les deux thèses principales. Selon J.-P Joncheray et Y. Moussou, l’avion coule après un combat aérien. Le dernier combat de cet avion aurait été rapporté par M. Braida, qui a assisté à la chute du bimoteur contraint d’amerrir et qui a coulé en deux minutes après avoir lancé une fusée et s’être retourné. Selon des sources différentes, l’avion est tombé en panne d’essence en revenant de Tunisie et l’équipage aurait été capturé par la Résistance.” On pense également qu’avant de se crasher en mer roquebrunoise, l’avion était basé sur un terrain occupé par les Allemands dans le Midi. Vraisemblablement à Valence ou Orange. Car il faut savoir que l’engin a été le plus utilisé par la Luftwaffe durant la Seconde Guerre mondiale, après avoir réalisé des essais lors de la guerre civile espagnole. En raison de son armement défensif léger, le Heinkel 111 est essentiellement employé pour des missions de nuit et des patrouilles en mer, mais aussi comme remorqueur de planeurs et comme avion de transport”, explique-t-on encore. Précisant que cet aéronef – repérable à sa large verrière au niveau du nez – cessera d’être produit en 1944. Sur les côtes méditerranéennes françaises, deux autres épaves d’Heinkel 111 sont connues. L’une au large de Bastia, par 30-33 m de fond. Et l’autre au large de Carqueiranne, entre Toulon et la presqu’île de Giens, par 80 m de fond”, indique-t-on par ailleurs dans l’atlas PALM. Mais seul l’exemplaire roquebrunois bénéficie d’un état de conservation d’exception.
Par sécurité, la police conseille à la population de ne pas toucher ou déplacer ce genre de munitions.
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