10/08/2022 Francia, Normandia, Eure
“If you ever come across anything suspicious like this item, please do not pick it up, contact your local law enforcement agency for assistance”
Par Simon Zwierniak
Le phénomène de la pêche à l’aimant trouve ses admirateurs en France, et l’Eure n’y échappe pas. Certains se donnent pour mission de dépolluer un cours d’eau, d’autres chassent des trésors. À l’aide d’un puissant aimant accroché à une corde dur comme fer, trouvable en deux clics sur internet, les pêcheurs s’adonnent à leur passion dans les cours d’eau. Légère différence cependant, quand ça mord, ce n’est pas un poisson, mais des métaux abandonnés. Outils, vélos, pièces de monnaie… Mais également des armes, des grenades et des obus.
Les restes de la guerre
« Notre boulot, c’est de prendre la réalité des risques dans la société telle qu’ils le sont, explique Olivier Fliecx, chef du service de défense et de protection civile de la préfecture de l’Eure. On doit engager le déminage à chaque fois qu’il y a une découverte de munitions. » C’est le cas pour la pêche à l’aimant. Le bémol, explique le chef de service, c’est de déplacer l’équipe de déminage, basée à Versailles. Le centre couvre 11 départements et deux aéroports avec seulement deux équipes de permanence. Et ils sont très sollicités. Pour un sac abandonné en gare, par exemple. « C’est les mêmes que j’engage si quelqu’un sort un obus de l’Iton » déplore Olivier Fliecx. Le principal danger réside dans la pêche d’explosifs et d’armes datant de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale. D’autres armes à feu sont également recherchées pour des enquêtes policières. Bombes et munitions, aux alentours, ce n’est pas ce qu’il manque. « Dans l’Eure, il y a des obus au gaz, à l’ypérite, au phosphore » détaille Olivier Fliecx. Entre les abandons de matériel militaire et les obus dysfonctionnels, les sols regorgent de ces cadeaux empoisonnés. Ou plutôt en dégorgent. Car, d’après le chef de service, « la tendance générale, c’est que ces objets-là remontent. Le sol les évacue. » Preuve en est, la bombe retrouvée à Gauciel le 21 juillet était à « seulement 1 mètre 20 de profondeur. » Certains évènements ont mené à l’interdiction nationale de la pêche à l’aimant. Le plus significatif remonte à 2019, lorsqu’un pêcheur a remonté un obus au phosphore. « La particularité du phosphore c’est qu’il s’enflamme au contact de l’air, explique le chef de service, vous le mettez dans l’eau, ça reste inerte, dès qu’il a sorti l’obus, il s’est enflammé. » L’homme a été gravement touché aux avant-bras et aux yeux. La pratique est depuis soumise à autorisation
Par sécurité, la police conseille à la population de ne pas toucher ou déplacer ce genre de munitions.
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