14/11/2022 Francia, (France)
“If you ever come across anything suspicious like this item, please do not pick it up, contact your local law e enforcement agency for assistance”.
Chaque année, pas moins de 500 tonnes d’obus et de bombes des Première et Seconde guerres mondiales sont mis hors d’état de nuire. Menace pour la sécurité, ces reliques des conflits mondiaux sont également source de pollution. Du gaz moutarde découvert à Tours ! Le jeudi 20 octobre 2022, trois archéologues et deux agents de chantier de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont fait une mauvaise rencontre dans le sol du quartier des casernes Beaumont, situé non loin du centre-ville de la préfecture d’Indre-et-Loire.
Gaz et grenades
Malencontreusement, un coup de pelle endommage l’un des engins, libérant une odeur suspecte. Les chercheurs contactent aussitôt les autorités, le quartier est bouclé. Comme l’a rapporté La Nouvelle République, « d’importants moyens ont été déployés : police, Samu et pompiers ». Cinq agents de l’Inrap sont incommodés par le gaz, légèrement intoxiqués, mais leur santé n’est pas menacée. Une dizaine de bonbonnes en grès ont été découvertes par les démineurs. Le lendemain, les analyses indiquent que ce n’était pas de l’ypérite sulfuré, autrement dit du gaz moutarde, comme suspecté, mais du bromacétone, un produit lacrymogène utilisé pendant la Première Guerre mondiale. Un mois plus tôt, sur ce chantier qui a pour objectif de transformer en logements et commerces l’ancien site militaire, les archéologues avaient trouvé deux cages contenant notamment des grenades.
Déminer pour cultiver
Les deux guerres mondiales ont marqué la mémoire, les paysages et l’architecture de France. Les armes employées, telles que les bombes larguées par avion et les obus projetés par l’artillerie, continuent de souiller le sol, découvertes au gré des rencontres fortuites, faites lors de travaux ou de balades en forêt. Une raison à cela : « Un quart du milliard d’obus tirés pendant la Première Guerre mondiale et un dixième des obus tirés durant la Seconde guerre mondiale n’ont pas explosé pendant ces conflits », explique une mission sénatoriale de 2001. « Nous retrouvons même parfois des munitions qui remontent à la guerre contre la Prusse, en 1870 », raconte le chef du centre de déminage de la sécurité civile de La Rochelle. Ce sont ses hommes qui sont intervenus à Tours. Installé dans un blockhaus de la Seconde Guerre mondiale du quartier de La Pallice, le service, composé de neuf membres, intervient dans huit départements. « La France compte environ 340 démineurs », précise le commandant. Le service de déminage a été créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Son créateur a été le résistant Raymond Aubrac. « La première mission était de retirer toutes les mines afin de dépolluer les terres agricoles, rappelle celui qui fut président de l’Association des démineurs de France. Il fallait que les Français puissent se nourrir et, pour cela, que les agriculteurs travaillent en toute sécurité : au tout début, le déminage dépendait du ministère de l’Agriculture. » La « récolte » d’engins explosifs demeure l’une des principales missions de ce service, avec l’antiterrorisme. Une tâche loin d’être terminée. « Chaque année, nous procédons au retrait de 400 à 500 t de munitions. À ce rythme, nous estimons qu’il faudra encore au moins 500 ans pour tout enlever ! », calcule le commandant. Si le nord et l’est de la France concentrent une part importante de cet encombrant héritage, l’Ouest et le Sud sont également concernés.
Menaces pour la terre et l’eau
Même avec le temps, les engins demeurent dangereux. « Ils n’ont pas tué à l’époque, mais peuvent toujours le faire. Ils sont plus instables. Plus le temps passe, plus le risque est grand. La corrosion fait son œuvre et l’enveloppe qui les protège se détériore. Il y a déjà eu des morts, comme un jeune homme de 26 ans en 2014, sur l’île de Groix, en Bretagne » , rapporte Charlotte Nithart, porte-parole de Robin des bois. Depuis sa création en 1985, cette association de défense de l’environnement dresse un inventaire de ces déchets qui, en plus d’être dangereux, sont extrêmement polluants. L’un des exemples le plus tristement célèbres se situe à Verdun. Surnommée « la place à gaz », une forêt située au nord de la Meuse a été choisie entre 1926 et 1928 pour y détruire plus de 200 000 obus chimiques de l’armée allemande ; plus rien n’y pousse depuis. Presque 100 ans après, l’accès en est toujours interdit. « L’arsenic ou encore le mercure, le perchlorate, le plomb et le phosphore sont des menaces pour notre terre », énumère Charlotte Nithart. La folie meurtrière humaine n’a pas contaminé que les sols : au lendemain des conflits, les autorités ont fait le choix d’immerger ces milliers d’armes, d’obus ou de mines. Au large des côtes françaises, « 62 dépôts ont été localisés, mais il y en a probablement plus », constate la porte-parole. Le lac Bleu d’Avrillé, en Maine-et-Loire, retient particulièrement l’attention : dans cette ancienne carrière de schiste qui a été inondée, 7000 t de munitions dont quatre millions de grenades ont été déversées en 1919. Si la dépollution a bien été entamée, il faudrait selon les estimations encore 2600 ans pour terminer le travail…
Inventaire des déchets
Les chiffres ont de quoi donner le tournis. « C’est vertigineux. Le problème est l’État qui n’agit pas et manque à ses responsabilités » , pointe Charlotte Nithart avant de citer un exemple : « En 2009, lors du Grenelle de la mer, l’engagement a été pris de consolider un inventaire des déchets de la mer ainsi que de mettre en place des études environnementales et sédimentaires. Cela n’a jamais été réalisé. Par ailleurs, les démineurs prennent énormément de risques et manquent cruellement de moyens. Enfin, il faut que la population soit mieux informée sur ce danger pour sa sécurité et l’environnement » , martèle la porte-parole. Autre exemple symbolique, le projet Secoia. L’usine de destruction des munitions chimiques anciennes, dont 20 t sont récupérées chaque année, devait entrer en service dans l’Aube en 2008. « La loi remonte à 1997 et il n’y a toujours rien. Les tests opérationnels viennent tout juste de commencer. Par ailleurs, l’usine a été recalibrée. Elle devait pouvoir accueillir 100 t, ce n’est désormais que 42 t », s’agace Charlotte Nithart, avant de lancer : « Il n’y a pas d’armistice pour les déchets de guerre. »
Photo-Source: lavie.fr
Par sécurité, la police conseille à la population de ne pas toucher ou déplacer ce genre de munitions.
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