20 ans de service au compteur. Après un passage par la Marine nationale, Pierre-Nicolas Douay a pris du galon en tant que démineur. Désormais Commandant, il dirige le centre de déminage de la Protection civile à Brest.
Comment devient-on démineur ?
« Il faut d’abord devenir policier. Nous recevons des appels d’offres, en fonction des besoins. Puis l’agent sélectionné va être détaché auprès de la Protection civile. Tout le monde peut y répondre. Le service ne demande aucune compétence préalable en explosif et prend en charge la forÈmation des aspirants démineurs ».
La formation est longue ?
« Il y en a plusieurs en fonction des niveaux. La première, pour devenir démineur adjoint, dure 18 semaines. Cependant, avec ce niveau en poche, l’aspirant n’a pas encore de grandes responsabilités. Ses missions sont variées mais il reste sous le commandement d’un démineur. Justement, pour atteindre ce deuxième niveau, il faut attendre quelques années et faire une deuxième formation de sept semaines. À ce stade, l’agent peut enfin identifier des munitions explosives et les neutraliser. Enfin, une dernière formation d’encore sept semaines permet de devenir Chef démineur. Ce grade ouvre la voie à la conduite de grand chantier de plusieurs centaines d’explosifs ou encore de mener des missions sensibles, comme la découverte d’une munition en milieu urbain ».
Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?
« La relative autonomie de notre service. Puis nous sommes tout le temps en mouvement. En moyenne, nous faisons 200 000 kilomètres par an. Quand la préfecture nous transmet une demande pour une grenade trouvée à Dinan, nous y allons en camion. 400 kilomètres aller et retour rien que pour cette intervention. Il ne faut pas oublier l’aspect pratique et technique de notre travail. Nous ne faisons jamais la même chose, et certaines interventions demandent de la réflexion. Et puis… Par rapport à la Police nationale, nous avons beaucoup de moins paperasse à faire ! ».
Quelles sont les caractéristiques du démineur ?
« L’humilité avant toute chose. C’est un travail d’expérience, même formé, nous ne pouvons pas tout connaître par cœur. Il m’arrive de ne pas connaître une munition. Dans ce cas-là, il faut entamer un véritable travail de recherche dans les archives. Ou parfois décrocher son téléphone pour appeler un autre centre de déminage et demander des conseils. L’éthique aussi. Jamais vous n’entendrez un démineur dire : cette munition n’est pas dangereuse. Nous avons des responsabilités, il ne faut donc pas prendre les choses à la légère et avoir une certaine rigueur ».
Si une personne découvre objet potentiellement explosif, quels conseils donner ?
« Premier conseil : ne pas toucher. Deuxième conseil : appeler les services de police ou de gendarmerie. Nous avons déjà vu des cas où des personnes ramenaient des munitions dans des mairies ou des commissariats… »
Foto-Fonte: letelegramme.fr