06/10 /2023 Francia, (France)
Un homme de 64 ans est mort dans une explosion accidentelle provoquée par des munitions datant de la Seconde Guerre mondiale, samedi 30 septembre, à La Meauffe, dans la Manche. Alors qu’il participait au débarras d’une maison mise en vente après le décès de son propriétaire, il aurait « jeté dans le feu un sac contenant entre 15 et 20 kg d’explosifs datant de la Seconde Guerre mondiale, dont des obus qui avaient été démontés », a expliqué le maire de la commune, Pascal Langlois, à France Bleu Cotentin. La combustion a provoqué une explosion « entendue dans des villages à sept kilomètres autour », blessant également deux hommes sur place. Au cours du déminage du site, la sécurité civile a retrouvé cinq kilos d’autres munitions datant de la Seconde Guerre mondiale. Vestiges dangereux des grandes guerres du XXe siècle, de nombreux engins non explosés sont régulièrement retrouvés dans l’Hexagone. En mars dernier, une bombe américaine de 113 kg avait été retrouvée à Bruyères-sur-Oise. En juin 2018, un accident meurtrier s’est produit en Meurthe-et-Moselle. Les exemples abondent mais le nombre de munitions encore présentes dans les sols aujourd’hui demeure presque impossible à évaluer.
250 millions d’engins non explosés
Les deux guerres mondiales ont été les premiers grands conflits industrialisés. La Première Guerre mondiale a été caractérisée par le recours massif aux obus explosifs et les dépôts de munitions à l’arrière des lignes de front. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses mines françaises ont été enfouies autour de la ligne Maginot. Puis ce furent des mines allemandes lors de la construction des murs de l’Atlantique et de la Méditerranée. Sur le milliard de munitions d’artillerie tirées par l’ensemble des belligérants sur le front de l’Ouest pour la seule guerre de 1914-1918, un quart n’a pas explosé, selon des chiffres de la sécurité civile. Et ces engins non explosés ne sont pas présents uniquement dans les régions où les combats ont eu lieu.
Désobusage
À la fin des deux guerres, ces munitions font l’objet de déminage, appelé « désobusage » à l’époque. L’État en est l’unique propriétaire et responsable, selon les principes de la « charte des sinistrés » d’avril 1919. Les premiers déminages sont pris en charge dès cette année-là par le Service des travaux de première urgence et les forces armées françaises et américaines encore mobilisées. Mais l’État confie progressivement la neutralisation de ces engins explosifs à des entreprises privées. Après 1945, alors que de nouveaux engins explosifs s’ajoutent à ceux de la Grande Guerre, le déminage est confié au ministère de la reconstruction et de l’urbanisme. Cette mission est ensuite transférée au ministère de l’intérieur en 1964. Le déminage est aujourd’hui confié aux quelque 300 agents de la sécurité civile qualifiés.
Six siècles
À l’occasion d’une audition au Sénat sur le sujet en 2001, les sénateurs estimaient que depuis 1945 les opérations de déminage avaient concerné plus de 660 000 bombes, 13 millions de mines et 24 millions d’obus ou autres engins explosifs. Tout en précisant que, à ce rythme de collecte, « de six à sept siècles seraient encore nécessaires pour en finir avec ce singulier héritage explosif et toxique ». Selon Olivier Saint-Hilaire, doctorant en histoire et civilisations à l’EHESS (1), 500 tonnes de munitions sont encore collectées chaque année en France par la seule sécurité civile. Au-delà des accidents mortels liés à l’explosion de ces munitions, l’enfouissement de ces engins non explosés a des conséquences néfastes sur l’environnement. Ces « déchets » contribuent notamment à la pollution des nappes phréatiques et cours d’eau des zones touchées. Plus d’un million de tonnes d’obus chimiques et 300 000 obus explosifs ont par exemple été enfouis dans la Meuse à l’issue de la Grande Guerre, selon une enquête du géologue Daniel Hubé. Triste symbole de cette pollution toxique, les terres de la forêt de Spincourt, où plus rien ne pousse depuis cent ans.
Par sécurité, la police conseille à la population de ne pas toucher ou déplacer ce genre de munitions.
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