23/03/2023 Francia, (France)
“If you ever come across anything suspicious like this item, please do not pick it up, contact your local law e enforcement agency for assistance”.
Écrit par Philippe Marchetti
Enterrées ou abandonnées après les deux guerres mondiales, des millions de munitions se trouvent encore dans le sous-sol. Pour les éliminer, les industriels et les autorités font appel à des professionnels : les démineurs. En 2014, dans le Pas-de-Calais, un paysan et son fils ont été blessés par l’explosion de deux obus de la Première Guerre mondiale : l’agriculteur avait allumé un feu de broussailles pour dégager une borne de délimitation de son champ. Ce type d’accident est relativement rare. Pourtant, les deux conflits mondiaux ont laissé sur les anciens champs de bataille des centaines de millions de munitions non explosées. Les démineurs de la Sécurité civile estiment leur nombre à 250 millions, soit près du quart des munitions d’artillerie tirées sur le front entre 1914 et 1918. Un chiffre qui ne comptabilise ni les grenades, ni les bombes d’aviation, ni les mines ou autres types d’explosifs. L’ensemble du sous-sol des régions des combats étant potentiellement pollué par ces engins. Dès 1916, un comité interministériel pour la reconstitution des régions envahies ou atteintes par fait de guerre avait été chargé de supprimer tout danger. Mais, dans les faits, les tranchées qui couraient à travers champs ont souvent été comblées avec le tout-venant, récolté aux alentours: monticules de terre, armes, équipements militaires et… explosifs ! Car, à la sortie de la guerre, l’urgence a été de remettre les champs en culture, de reconstruire les villages, les routes ou les usines, la sécurité passant au second plan. Sans compter que les obus d’artillerie non explosés ont pu s’enfoncer de plusieurs mètres dans la terre meuble. Aujourd’hui, l’essentiel des obus de surface ont été retrouvés par des agriculteurs lors des labours. Les autres resurgissent à l’occasion de travaux de terrassement. Ainsi, en octobre 2021, les habitants de Levergies dans l’Aisne ont dû quitter leur village pendant quatre jours, le temps que la sécurité civile prenne en charge un énorme stock d’explosifs découvert dans un champ de pommes de terre: 1 580 obus allemands de 105 millimètres (de diamètre) et 160 obus de 150 millimètres, datant de la première guerre mondiale. Au total, 28,5 tonnes de munitions, dont près de 3,8 tonnes de matière explosive ! Peut-être un stock de l’armée allemande, ou des engins rassemblés après la guerre par les habitants qui les ont enterrés, ne sachant pas comment s’en débarrasser.
Des fouilles pyrotechniques
Ce sont des fouilles pyrotechniques, réalisées avant l’agrandissement d’une route destinée à accueillir des convois éoliens qui ont révélé ce dépôt oublié. Car les industriels ont pris la mesure du problème. Et, avant toute intervention des travaux publics, ils font appel à des entreprises de dépollution pyrotechnique. Geomines, société créée en 2002 et basée à Six-Fours-les-Plages (Var), est l’un des leaders du déminage civil. Plus de la moitié de ses 38 salariés sont d’anciens plongeurs démineurs de la Marine nationale. Car, dans ces missions à haut risque, il est indispensable de savoir identifier un type d’obus avant toute manipulation : on ne traite pas de la même manière les modèles chimiques et les explosifs. En cas de doute, les munitions sont passées aux rayons X pour connaître avec précision leur contenu. Et ne pas risquer de détruire à l’air libre des obus chimiques devant être incinérés. Pour parfaire les connaissances de chacun , obus, grenades et mines neutralisées sont exposés dans des vitrines au siège de Geomines, constituant une sorte “d’obuthèque” grandeur nature. Ces spécialistes sont sollicités dès que le sous-sol profond est susceptible de contenir des explosifs. C’est le cas d’une grande gare de triage à Saint-Denis, aux portes de Paris, abondamment bombardée durant la Seconde Guerre mondiale. Située à proximité des futurs équipements sportifs pour les JO de 2024, elle a fait l’objet d’un diagnostic minutieux. “Les démineurs ont eu recours à des géoradars, qui permettent de scanner le sol en trois dimensions, jusqu’à cinq mètres de profondeur” explique Tiphaine Zitter, ingénieure géophysicienne responsable des analyses chez Geomines. Des analyses qui n’ont d’ailleurs révélé la présence d’aucune bombe. Forte des compétences de ses salariés, la société s’est également taillé une réputation d’excellence dans le domaine maritime. Les demandes d’expertise concernent, par exemple, le nettoyage pyrotechnique de sites où seront implantées des éoliennes off shore ou la vérification des lignes d’enfouissement des câbles transatlantiques. Car, si le câble est posé sur le sol marin à haute profondeur, à proximité du plateau continental il fait l’objet d’un « ensouillage ». C’est-à-dire qu’il est enfoui dans le sable à un ou deux mètres de profondeur – grâce à sorte de charrue — afin d’éviter que les ancres des navires ne s’y accrochent. Or les zones côtières ont subi d’intenses bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, et le fond des mers est jonché d’engins explosifs, telle cette mine allemande de type LMB (Luft Marine Bomb), longue de deux mètres, qui pesait 970 kilos à elle seule et contenait 816 kilos d’explosifs. Si celle-ci trône désormais, inoffensive, dans les couloirs de Geomines, ce type d’objet peut être équipé de dispositifs antidémontage et antirécupération très sensibles, et leur mise à feu est susceptible de s’opérer de façon impromptue. “Elle se déclenchait en effet à la fois avec des capteurs de pression, magnétiques et acoustiques”, explique Olivier Lefebvre, responsable commercial de Geomines après dix-huit ans dans la Marine. C’est un objet de ce type, très délicat donc à manipuler, qui a été détruit à l’explosif le 19 avril dernier, après avoir été remorqué au large de la rade de Brest. Les munitions présentes au fond des océans proviennent parfois des épaves. Rouillées, elles se désagrègent, disséminant leur contenu sous l’effet des courants marins ou lors de tempêtes. À l’issue de la Première Guerre mondiale, les belligérants se sont également servi de la mer comme d’une décharge. Après la Seconde Guerre, des stocks énormes d’armes chimiques non utilisées ont été largués par navires entiers. Entre 1946 et 1949, 12 cargos remplis de ce type de munitions ont ainsi été sabordés dans la zone marine Nord Gascogne, au large de la Bretagne. La Convention pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est, (dite “Ospar”, pour Oslo-Paris, et regroupant une quinzaine d’États) a ainsi recensé 148 décharges dans cette zone. Environ 40.000 tonnes d’armes immergées joncheraient le fond de la mer Baltique. En mer du Nord, l’estimation de l’Ospar porte sur 300.000 tonnes d’armes. Les membres disposent de chaînes d’alerte pour signaler toutes les découvertes de munitions en mer ou sur la côte. En cas de découverte inopinée d’un engin dans l’eau ou sur la plage, il est impératif de ne pas y toucher et de prévenir les autorités. Car seuls des professionnels sont habilités à la destruction de munitions. On ne s’improvise pas démineur.
« Il peut toujours y avoir des impondérables »
Fabien Lucas, plongeur démineur, responsable adjoint au développement international Chez Geomines.
Ca m’intéresse : Quel a été votre parcours professionnel ?
Fabien Lucas : J’ai d’abord suivi une formation de plongeur démineur dans la Marine nationale. Un cursus qui dure près de trois ans. On apprend notamment à démonter toutes les munitions connues pour les neutraliser. Je suis resté dix-huit ans dans la marine, pendant lesquels j’ai appris tout ce que j’utilise encore aujourd’hui. Depuis presque quatre ans, je m’occupe du développement international de Geomines. Nous intervenons en effet dans le monde entier et nous dispensons aussi des formations.
Quelle sont les clés pour mener à bien cette activité peu ordinaire ?
Il faut d’abord préparer sa mission. On n’utilise pas les mêmes matériels pour bouger des obus de quelques kilos et une bombe de 250 kilos. Cela commence par une étude de l’engin : il faut en déterminer le type pour connaître ses spécificités, savoir si sa charge est chimique ou non. Mais malgré toute les précautions, il peut toujours y avoir des impondérables. Même quand l’objet semble bien identifié, il peut présenter de légères variations techniques. C’est un travail d’équipe, chacun apportant ses compétences, et les décisions sont collégiales.
Continuez-vous à vous former ?
Bien sûr. Actuellement, on observe avec la plus grande attention les photos et les vidéos de la guerre en Ukraine pour identifier les munitions utilisées : roquettes, grenades, mines… Nous soupçonnons même que des bombes à sous-munitions ont été utilisées. Car à la fin du conflit, les ONG et des entreprises telles que la nôtre devront aller nettoyer le terrain. En se préparant en amont, on saura sur quels genres d’engins on est susceptibles de tomber.
Source: caminteresse.fr
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